Ouvriers du monde
De quel réel le mot “ouvrier” est-il aujourd’hui le nom ? Il faut comprendre la figure contemporaine de l’ouvrier dans son articulation avec l’ensemble des lois qui, en France et ailleurs, fabriquent des “sans papiers”, des ouvriers “nus”, sans quasiment aucun des droits liés au travail. Cette existence nue est rendue possible et pérennisée par un lourd dispositif policier (système des papiers, fichiers, OQTF et centres de rétention) et une organisation contemporaine du travail fondée sur un système de sous-traitance global, qui charrie avec lui injustices, dangers et accidents, faisant petit à petit du travail au noir la norme de tout travail.
Le travail est donc lui-même en question, pris en étau entre des positions anti-travail (le travail comme aliénation) et des déclarations réactionnaires sur la “valeur travail” ; ne se satisfaire d’aucune de ces alternatives conduira à penser le travail sous le signe de la proposition de Marx selon laquelle, dans le communisme, le travail, dans sa variété, ne sera plus considéré comme un simple moyen d’existence mais comme le premier besoin de l’homme.